Les vacances, enfin !
Ce temps suspendu qu’on attend depuis janvier ! On a tout géré comme une vedette : kermesse, pestacle de danse, (ré)-inscriptions en tous genre, achat de sandales en urgence, soldes, bagages…Les vacances, on en rêve, elles sont là. et on est bien décidés à en profiter.
Et pourtant, on croit souvent que les vacances doivent rattraper ( en 14 jours ) tout ce que nous n’avons pas fait cette année : lire "Sapiens", se mettre au yoga, faire une detox mais faire aussi des pop-cakes avec les enfants, se (re)mettre à l'aquarelle, re-commencer "Sapiens", sortir son couple de la routine, se reconnecter à ses enfants et… "prendre enfin le temps de vivre." : la blague !
Cette croyance est dangereuse : mettre la barre des vacances trop haut est un excellent moyen de tout rater et de se coller une pression monstre. Surtout qu'on rajoute aujourd'hui un objectif lourd : nos vacances DOIVENT être belles : Instagramer chaque moment, chaque détail et rendre "les autres" témoins de notre bonheur est aujourd’hui une activité de vacances majeure. Bien évidemment, on a envie de faire des photos-souvenirs, mais que faire si le décor est laid ? Que faire si vos enfants sont moches ?…
Le danger, c’est de ne plus vivre que dans un beau livre d'images, de dissocier sa vie en deux : la vraie vie et les belles images de notre vie. Pourquoi utiliser du temps pour arranger la réalité ? Aller se recoiffer pour la photo, changer nos enfants de T-shirt pour faire une belle image. Le message que nous renvoyons à nos enfants à ce moment-là, c’est que la réalité ne suffit pas. Pour un joli selfie, on met la vraie vie entre parenthèses et on induit le message que notre priorité, c’est de montrer au monde notre vie formidable.
"Ce qui rend heureux mes parents, c'est de me prendre en photo." Léon, 5 ans, débat sur le bonheur
Relâchons la pression instagramique : c'est trop lourd et de toutes façons, on ne gagnera jamais face aux pros du style. Mais est-ce qu'on les envie vraiment ? Vous imaginez le drame du bouton mensuel ?
Franchement, je préfère mille fois trainer en pyj' jusqu'à midi et jouer aux mille bornes sur le tapis à aller faire du yoga sur la plage ! Oui, je n'aurai pas de belle photo à poster, mais je serai tranquille. Ne pas capturer ce moment c'est le laisser devenir un souvenir imprécis et doux, et c'est : ne pas offrir ma vie en pâture à l'arbitrage des réseaux sociaux.
En choisissant de vivre sans le montrer au monde, sans images-témoin, nous gardons des souvenirs, progressivement flous, diffus, de jeux, de rires et nous choisissons de ne pas enseigner à nos enfants la prépondérance de l’image sur la vie réelle. … une histoire d’être, ou de paraitre…
"Les enfants, ils sont plus libres que les adultes car ils ont le temps de penser." Nila, 7 ans
Sérieusement, kiffez ! …un vieux T-shirt un peu moche, un paquet de « cordons bleus » pour le diner : ce n’est pas grave. En relâchant la pression, on fait de la place. Et d'un seul coup, on a du temps, du temps vacant, du temps de vacances.… pour trainer, pour laisser venir les belles discussions qui prennent leur temps, les questions précieuses : "un soldat, c'est gentil ou c'est méchant ?", “Pourquoi parfois les grandes personnes sont petites ?” …
…et vous souvenir, le nez dans l'herbe, comme c'est bon d'être un enfant, comme le temps est long l'été quand on peut s'ennuyer…
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