Et si les enfants étaient tous des philosophes en herbe ?
Votre enfant vous a-t’il déjà demandé « c’est qui Dieu ? » ou « c’est quoi le bonheur ? »
Cela n’a rien d’étonnant : les enfants ont une intuition philosophique extraordinaire, que nous devons leur apprendre à développer et structurer.
Bien sûr, il ne s’agit pas de faire de l’histoire de la philosophie comme les élèves de lycée. Mais dès lors que votre enfant commence à se poser des questions sur la vie et le monde qui l’entoure, il peut raisonner et développer un esprit critique. Il a, en fait, un besoin fondamental de philosopher.
Il n’y a pas d’âge pour se poser des questions philosophiques et, dès trois ans, face à l’expérience de «l’étonnement devant le monde», les enfants commencent à se questionner sur la vie, la mort, les relations humaines, la morale, la politique…
Dès l’âge de 6-7ans, un enfant est capable d’aller vers l’abstraction, c’est-à-dire avoir une pensée abstraite, élaborer un raisonnement qui ne le concerne pas directement, qui ne relève pas de son champ d’expérience. Avoir une pensée universelle, donc.
Ainsi, philosopher est essentiel pour nos enfants, et en cela que ça les amène à :
• Questionner et prendre de la distance par rapport à l'opinion commune, par rapport à ses propres représentations et stéréotypes,
• Améliorer la communication du groupe et permettre à l'enfant d'être considéré dans son individualité propre,
• Améliorer la compréhension du monde et favoriser le « pouvoir d'agir » des enfants.
• Contribuer à la construction de l'enfant comme sujet autonome : L'enfant doit élaborer sa propre réponse et non trouver « la bonne réponse » correspondant à l'attente de l’enseignant.
Mais tout cela n’est pas si surprenant…
En réalité, la pratique de la philosophie avec les enfants se développe déjà depuis une trentaine d’années, sous diverses formes.
Et d’après des témoignages d’animateurs de ces classes d’éveil à la philo, les enfants sont naturellement tous sensibles aux notions de vérité, de justice et aux mêmes valeurs fondamentales. C’est à l’adolescence que la pression du groupe et la peur d’être rejeté notamment, bousculent ces notions pourtant « instinctives » chez l’enfant. La philosophie, en ce qu’elle permet de valoriser le raisonnement et la pensée universelle, pourra être utile à l’adolescent en quête d’identification.
En outre, apprendre à penser est une chose difficile, une question complexe par essence. Alors pourquoi ne pas commencer plus tôt ? Et puis, n’est-il pas logique d’apprendre aux enfants à refléchir, et non pas seulement à apprendre ?
D’ailleurs l'enjeu n'est pas seulement didactique, il est aussi profondément politique puisqu'il s'agit d’établir les bases de la formation d’adultes éclairés et responsables.
En effet, la démocratie comme visée politique implique un espace public de débat, un lieu d’expression des opinions plurielles des citoyens. Or, l’un des moyens d’éduquer à la citoyenneté, outre l’instruction, consiste à faire vivre des situations qui entraînent les élèves à construire des compétences de débat et d’argumentation dans un « espace public scolaire ».
En outre, il s’agit de développer une éthique discussionnelle fondée sur le respect d’autrui dans sa personne, au-delà de ses idées. Une éthique qui, en développant le sens de l’humanité et de l’universel chez les enfants, constitue une base du lien social, et donc politique.
La curiosité philosophique et la passion des enfants pour la fiction rendent logique l’enseignement de la philosophie au moyen de débats vivants et incarnés. Les ateliers de philosophie permettent de répondre de manière structurée aux questions profondes et métaphysiques que se posent les enfants, dans une atmosphère apaisée et créative, idéale pour que chacun se sente à l’aise et écouté.
Au cours des ateliers, et à force de pratique, les enfants ont des discussions très riches et approfondies. Ils peuvent ainsi communiquer des idées et se poser des questions qu’ils n’auraient pas la chance de se poser dans un autre contexte.
Ainsi, philosopher permet aux enfants d’aiguiser leur réflexion et leur esprit critique tout en apprenant le dialogue et la tolérance, valeurs qu’il est nécessaire de cultiver afin que l’enfant en récolte les fruits, une fois devenu adulte.
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