On croit toujours que c’est à nous de protéger nos enfants.
Certes.
Mais nous ne sommes pas toujours là : harcèlement, influences, manipulations, pressions : les dangers qui pèsent aujourd’hui sur leurs épaules ne sont pas à négliger.
En accompagnant nos enfants dans l’acquisition d’outils qu'ils peuvent utiliser de façon autonome, nous leur offrons un rempart intérieur contre les agressions qu’ils affrontent au quotidien et les influences multiples.
Le défi auquel nous sommes confrontés aujourd’hui dans les écoles et sur les réseaux sociaux est celui de la posture du faible au sein du groupe. Comment réagir face à un groupe d’enfants qui, du jour au lendemain, se retourne contre le votre ? Comment faire face à ceux qui, instinctivement, ont senti chez lui la gentillesse et/ou la faiblesse ?
D’après l’Unicef, “les moqueries de groupe et les attaques blessantes en milieu scolaire concernent un enfant sur trois” : c’est un problème de société considérable, mais encore tabou. Comme disait instinctivement Clara, 7 ans, dans un atelier philo sur la peur : “ Moi j’ai peur des loups, surtout quand ils sont en groupe.” Bien sûr, pas de métaphore dans sa phrase, mais je trouve la transposition intéressante : autant il est possible pour un enfant de faire face à un autre enfant, de solliciter son empathie, de jouer l’humour et la complicité, autant affronter les agressions quotidiennes et répétées d’une “meute” demande des ressources solides pour s’en sortir. Les menaces indirectes issues des réseaux sociaux, noyées dans la masse des communications digitales de nos enfants ne sont pas moins graves et sont surtout de plus en plus fréquentes.
Les enfants qui participent chaque semaine aux débats de philo ont l’occasion d’affiner leur sens critique, de prendre la parole face à un groupe, de défendre leurs opinions, d’exprimer ce qu’ils pensent et surtout, de prendre confiance en eux. Ils apprennent que leur avis compte, que leur parole est légitime. Ils apprennent à ne pas se taire, et c'est aujourd'hui un enjeu essentiel, car :
1. …un enfant qui sait exprimer ses émotions et ses opinions est un enfant qui se connait.
Nous sommes vraiment nombreux aujourd'hui à partir en quête de ce qu'on aime, de ce qu'on veut et du sens à donner à notre vie, que la connaissance de soi est un point essentiel à développer chez nos enfants. En verbalisant ses pensées, l'enfant apprend à se connaitre et par la parole, il identifie quels sont ses besoins essentiels à respecter, quelles sont ses peurs, ses freins et ses forces. Il peut ainsi agir en pleine possession de ses compétences et dépasser ses limites.
2. …un enfant qui sait communiquer est un enfant qui n'a pas peur de dire "non".
Il est souvent de mise dans notre société de poser des questions pour la forme, sans prendre en considération qu'il est légitime pour chacun de choisir sa réponse. Lorsque nous demandons à un enfant un "service", lorsque nous faisons appel à sa gentillesse ou à sa générosité, ( par exemple : "Peux-tu prêter ce sac à ta soeur ?") la réponse que nous attendons de lui est induite. S'il répond "non", on aura tendance à lui faire le reproche de sa réponse, en lui confisquant par-là même son droit et sa liberté à choisir sa réponse, créant ainsi le risque que les enfants n'osent plus dire "non", parce que faire plaisir ou ne pas s'opposer devient le choix de la facilité, le choix par défaut.
Or un choix doit rester un choix, même s'il ne fait pas l'unanimité.
3. …mais ce n'est pas parce qu'un enfant sait s'exprimer qu'il peut tout se permettre !
Le droit des enfants à s'exprimer, le droit des enfants à contester : dans ce nouvel élan sociétal de donner la parole aux enfants, il est essentiel pour leur construction que cette liberté soit corrélée au devoir de respect qui va avec. Dans les ateliers de la Carabane, il existe 3 règles qui sont énoncées au début de chaque atelier ; elles sont tout à fait transposables dans un contexte familial ou scolaire et elles engagent chaque enfant à respecter la parole des autres, par leur écoute attentive et leur tolérance à la différence des opinions exprimées.
Former les enfants au développement de leur sens critique et à l'expression de leurs opinions est aujourd’hui un enjeu de société majeur et un enjeu individuel pour chaque famille. C'est pourquoi la Carabane propose aujourd'hui à chacun d'entre vous des ressources pour participer à cet élan collectif de légitimer la parole des enfants.
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